Digital intermediation, coordination and distributed cognition: theoretical, methodological and empirical studies of the power of digital platforms
Mathilde Abel (2024)
Thèse en sciences économiques soutenue le 20 novembre 2024 à l’université Sorbonne Nouvelle
PhD thesis in economics defended on November 20, 2024 at Sorbonne Nouvelle University.
Membres du jury :
M. Christophe BENAVENT, Professeur des universités Université Paris Dauphine
M. Christian BESSY, Professeur des universités ENS Paris-Saclay
Mme Guillemette DE LARQUIER, Professeur des universités Université de Lille
M. Patrick DIEUAIDE, MCF/HDR Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
M. Fabrice ROCHELANDET, Professeur des universités Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
Mme Paola TUBARO, Directrice de recherche CNRS
Résumé. Cette thèse a pour objet d’analyser le pouvoir des plateformes numériques en s’appuyant sur l’approche conventionnaliste de la coordination et le concept de digital labor. Elle explore la manière toute particulière dont les plateformes, en tant que firmes intermédiaires, font usage de la triangulation pour distribuer les capacités cognitives et organiser la coordination entre les différents usagers connectés. On montre que cette opération consiste à contrôler la circulation, le traitement et la mise en forme des informations échangées afin de stabiliser des solutions de coordination. Pour étayer cette proposition, une enquête statistique, combinant une analyse qualitative et des outils de traitement automatique du langage, est menée à partir d’un corpus de messages de chauffeurs VTC. Ce travail montre que les intermédiaires s’appuient sur des technologies de coordination et une division cognitive et spatiale du travail pour formater et créer un espace intermédiaire de marché. Il souligne aussi un phénomène de dualisation spatiale du travail lié à la création de cet espace, entre un espace numérique, où le travail est programmé, et un espace public (ou physique), où il est exécuté. La thèse met en évidence des asymétries de pouvoir de nature cognitive entre les plateformes et les chauffeurs VTC connectés, où les premiers valorisent le travail cognitif des seconds. Bien que les chauffeurs conservent une certaine agentivité sur des aspects professionnels de leur travail, on montre qu’ils vivent aussi dans un « monde de production » formaté par les plateformes, lesquelles imposent une subordination tacite à des conventions de marché qu’ils ne peuvent modifier.
Abstract. The aim of this dissertation is to analyze the power of digital platforms, drawing on the conventionalist approach to coordination and the concept of digital labor. It explores the way in which platforms, as intermediary firms, use triangulation to distribute cognitive capacities and organize coordination between different connected users. It shows that this operation consists in controlling the circulation, processing and formatting of information exchange in order to stabilize coordination solutions. To support this demonstration, a statistical investigation combining qualitative analysis and automatic language processing tools was carried out on a corpus of messages from ride-hailing drivers. This work shows that intermediaries rely on coordination technologies and a cognitive and spatial division of labor to format and create an intermediary market space. It also highlights a phenomenon of spatial dualization of work linked to the creation of this space, between a digital space, where work is programmed, and a public (or physical) space, where it is performed. The dissertation highlights power asymmetries of a cognitive nature between platforms and connected ride-hailing drivers, where the former value the latter’s cognitive labor. Although the drivers retain a certain agency over professional aspects of their work, the results reveal that they also live in a “world of production” formatted by the platforms, which impose a tacit subordination to market conventions that they cannot modify.